*Nous écrivons cet article durant les manifestations politiques qui ont secoué le Kirghizistan, les résultats des récentes élections ayant été annulés.
Nos pensées vont à ceux qui travaillent pour assurer un gouvernement juste, démocratique et transparent; et espérons une résolution rapide de ces problèmes.
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Depuis le début de notre projet en 2017 – «Combattre la violence sexuelle culturellement approuvée au moyen d’une éducation et technologie innovantes au Kirghizistan» , nous avons fait de grands progrès dans la réalisation de nos objectifs et la lutte contre la violence sexuelle [ our goals and addressing sexual violence]; y compris gagner un Hack-a-thon, développer un programme et nous atteler au développement de notre application mobile. À l’automne 2017, nous avons fondé le premier – et actuellement le seul – programme universitaire [academic program] en études de genre en Asie centrale. Depuis lors, notre cours principal – “Genre, éthique et politique de la violence” – a enseigné à près de cent étudiants la violence sexuelle et son imbrication dans des formes plus larges de violence.
Au printemps 2019, ce cours a été dispensé auprès des étudiants de l’AUCA et de l’Université de Pittsburgh, avec des étudiants travaillant en collaboration au niveau international sur des projets apportant de nouvelles perspectives à diverses formes de violence. Pour un aperçu complet du projet, consultez les mises à jour sur notre site Web [website ] ainsi que les articles de blog précédents sur SVRI et la Banque mondiale [ World Bank].
Ce cours a été un tremplin pour nos recherches au sein de ce projet, avec le premier article académique à paraître dans Genre, Endroit et Culture [Gender, Place, and Culture]. L’article, intitulé “ Bound to be Grooms: The Imbrication of Economy, Ecology, and Bride Kidnapping in Kyrgyzstan” [Contraint d’être marié: les imbrication économiques et écologiques et l’enlèvement de jeunes femmes en vue d’un mariage forcé au Kirghizistan] explique la manière dont la pratique du ala kachuu (enlèvement je jeunes femmes en vue de mariage forcé) est théorisé, tout en s’appuyant sur une recherche et une littérature approfondies ainsi que la relation des violences sexuelles à d’autres structures.
Les liens entre l’économie, les structures sociales et l’enlèvement de jeunes femmes en vue de mariage forcé
Bien que la littérature sur les victimes d’enlèvements en vue de mariage forcé au Kirghizistan aborde le rôle de la violence sexuelle et les formes de misogynie et de sexisme, trop souvent les études ne situent pas cette violence sexuelle dans le contexte plus large des structures économiques, écologiques et sociales. Partant du principe que les acteurs sociaux sont engagés simultanément dans divers processus et reconnaissant la nature intersectionnelle de la violence sexuelle, nous avons examiné les façons dont les hommes participent et utilisent la pratique de l’enlèvement de jeunes filles en vue de mariage forcé.
Au Kirghizistan, vous n’êtes pas considéré comme un adulte tant que vous n’êtes pas marié et capable de contribuer par des moyens financiers et agricoles à la famille. Compte tenu de l’augmentation des charges financières et des niveaux croissants de chômage et de pauvreté, la capacité de payer une dot à la famille d’une épouse devient non seulement difficile, mais presque impossible, en particulier pour ceux qui vivent dans les zones rurales.
Cela est dû en grande partie à la diminution de la disponibilité et de la fécondité des pâturages, et aux changements dans l’élevage pastoral et des moyens de subsistance. Comme l’a dit un homme:
Après mon retour de l’armée [service militaire obligatoire pour les hommes de 18 à 20 ans], il n’y avait personne pour aller au dzhailoo (pâturage d’été). Mes parents étaient déjà vieux et ils m’ont dit «marie-toi; nous avons besoin d’une belle-fille ». Pendant la période de pâturage d’été, les vaches doivent être traites et on doit s’occuper du bétail. Ils m’ont dit, «marie-toi!» Alors, c’est ce que j’ai fait.
Avec une capacité décroissante à établir et maintenir une vie rurale, les hommes sont poussés dans de nouveaux espaces économiques – comprenant souvent des migrations de main-d’œuvre, à la fois internes et externes au Kirghizistan. Chacun de ces changements écologiques et économiques a un impact sur les relations entre les sexes et la pratique de l’enlèvement de jeunes filles en vue de mariage forcé.
En discutant avec ces hommes, les diverses raisons de recourir à un enlèvement d’une jeune femme en âge de se marier sont devenues apparentes. Pour un jeune homme, c’était simplement par honte d’admettre de ne pas avoir de petite amie; pour d’autres, c’était parce que ses parents le poussaient à se marier. Pour beaucoup, cependant, la raison cruciale était la nécessité de contribuer financièrement à leur famille. L’analyse des récits des hommes sur les enlèvements en vue de mariage forcé nous a fourni de nouvelles informations sur la pratique, son utilisation et les moyens d’y remédier pour lutter contre la violence sexuelle.
L’article complet sera disponible dans Gender, Place, and Culture [Genre, endroit et culture] et nous sommes ravis de partager ici ce bref synopsis. Cet article est la première publication universitaire issue du projet financé par le SVRI et la Banque mondiale. Il s’appuie sur et fait partie du travail élargi de l’équipe, qui a publié des articles récents dans Gender, Technology, and Development [Genre, technologie et développement et le Journal of Gender Studies [Journal sur l’étude des genres] ainsi que dans la collection récemment éditée The Everyday Makings of Heteronormativity: Cross-Cultural Explorations of Sex, Gender, and Sexuality [Les faits quotidiens de l’hétéronormativité: Explorations transculturelles sur le sexe , genre et sexualité].
Nous sommes de l’avis que la recherche qui intègre un examen à grande échelle du monde dans lequel nous vivons est essentielle pour comprendre les réalités, les vies et les préoccupations complexes auxquelles nous sommes confrontés au 21e siècle. Nous espérons que dans l’avenir, ce type de recherche – dont la nôtre n’est qu’une itération – continuera à avoir un impact sur les politiques, la pratique et aura un impact favorable sur la vie de ceux et celles qui ont le plus besoin de réparation.
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Par Dr Elena Kim & Dr Frank G. Karioris
Biographies:
Dr Elena Kim est Professeure associée en psychologie à l’Université américaine d’Asie centrale. Elle est directrice du Center for Critical Gender Studies [Centre des études critiques sur le genre].
Dr Frank G. Karioris is Visiting Lecturer at the University of Pittsburgh, and former Director of the Center for Critical Gender Studies at the American University of Central Asia. est conférencier invité à l’Université de Pittsburgh et ancien directeur du Center for Critical Gender Studies.